Le 11 avril dernier, pour son anniversaire, Arnaud passait un entretien à Bruxelles pour un travail là-bas. Quelques jours après, il apprenait qu’il avait le poste.
Je lui avais toujours dit que je le soutenais à fond mais que je n’irais pas vivre là-bas. À cet instant cependant je ne savais plus quoi faire. Souvenez-vous que nous étions en plein préparatifs du mariage qui a eu lieu trois semaines plus tard.
Je peux vous dire que la décision d’une future mariée de ne pas suivre son époux et père de ses trois enfants n’est pas si aisée. Et pourtant c’était la mienne et à la lumière du déroulement des événements, je me dis que c’était mille fois la bonne.
Je n’étais pas complètement fermée à l’idée de Bruxelles, je ne voulais juste pas y débarquer à l’aveugle sans rien connaître : j’y suis allée une fois un week-end il y a vingt ans.
Arnaud devait commencer début juin, il y avait plein de trucs à organiser. Et puis ce qui paraissait si simple s’est compliqué de semaines en semaines. Nous n’étions plus sûrs de rien. Je ne rentre pas dans les détails, il s’agit d’une question. De statut et d’employeur.
C’était vraiment les montagnes russes émotionnelles avec des hauts et des bas. Il fallait à la fois commencer à se projeter dans une vie à deux d’être de famille différente des modèles traditionnels, préparer un peu les enfants et pour moi le tenir prête à un éventuel départ du jour au lendemain.
Finalement le départ a été repoussé à la fin juin, puis début juillet, puis début septembre.
Entre temps, le mariage était passé, nous étions partis en voyage de noces puis revenus et moi je ne savais pas vraiment ce que je voulais.
Je ne voulais pas partir de Marseille, j’en étais certaine.
Je n’ai parlé de cette situation qu’à très peu d’amis marseillais et en leur demandant de ne rien dire : les gens se permettent toujours de donner leur avis même quand il n’est pas demandé et je n’avais pas d’énergie à dépenser dans une éventuelle justification de mes choix.
Finalement Arnaud ne part plus. Juste quand je commençais à m’en ouvrir plus librement.
Je suis plus soulagée que ce que j’aurais pu imaginer. Et surtout maintenant que c’est fini, je réalise à quel point tous ces rebondissements m’ont fatiguée psychiquement. D’autant que presque personne n’était au courant.
Et si c’était à refaire, je ferais pareil. C’était mon poids, le nôtre en fait et je ne voulais pas de l’aide des autres. Je ne voulais pas qu’ils me voient comme quelqu’un qui allait peut-être partir. Je vivais tellement de bouleversement que je désirais absolument préserver ma façade de normalité.
Parfois on a besoin d’encaisser et de préserver les apparences parce qu’on est pas prêt à partager. Maintenant je suis prête.