Jeune et maire – Bruno Ferrand

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Bruno, c’est vraiment l’image du type normal. La mairie lui est un peu tombée dessus comme ça. En 2011, c’est l’année où Bruno va se poser. Après avoir fait une première année de pharmacie et les saisons à La Plagne, il s’est trouvé une vocation dans l’immobilier. En avril il ouvre son agence à La Cavalerie, la commune de son enfance et en août, il va se marier. 26 ans, on ne peut pas dire qu’il soit en retard. Sauf que son programme va quelque peu s’accélérer. Son agence fraîchement ouverte, il se rend à la mairie pour demander de passer un petit encart dans le bulletin municipal pour y annoncer l’ouverture, comme tout le monde le fait. Mais c’est le destin qu’il va rencontrer en la personne du premier adjoint qui l’informe que des élections partielles vont se tenir car deux postes sont vacants au conseil municipal, et qu’il faut désigner un nouveau maire. L’idée de la politique ne lui était jamais venue, mais pour sa commune il est prêt à s’engager et à suivre cet homme qu’il estime. Il est donc élu au conseil municipal avec un nombre de voix assez conséquent. Très modeste, il attribue ce joli score au fait que son nom est connu : son grand-père était concessionnaire de matériel agricole, son père médecin du village et sa mère infirmière libérale. Toujours est-il qu’il est élu et lors du premier conseil municipal, une vraie surprise l’attend car l’adjoint qui l’a recruté ne se présente pas au poste de maire. Le second adjoint non plus. La seule qui se présente, il l’a décrit comme une femme qui vient d’être parachutée et qui est entièrement téléguidée par son parti. Et comme il le dit avec son bel accent « Je n’allais quand même pas me déculotter, alors je me suis présenté ». Et il est élu.
Le voilà maire. Il ne s’y attendait pas. Pour lui, ça a été comme une révolution. Il est de loin le plus jeune de son conseil municipal puisque la moyenne d’âge tourne autour de 60 ans et que tous ou presque sont élus depuis 18 ans. Mais Bruno n’est pas quelqu’un qui se laisse intimider.
Quand il le raconte, la mairie lui est tombée dessus, mais de l’extérieur, on voit bien qu’il a le profil. Décidé, courageux, entreprenant, ce sont des qualités qui comptent en politique. Et quand il dit « tout est une question de volonté, il suffit de se donner les moyens », on voit là encore un signe qu’il a les épaules pour le job. Il voulait être son propre patron, c’était son rêve d’enfant. Et bien maintenant, en plus d’avoir réalisé ce rêve, il est également le patron d’une commune de 800 habitants.
Et concrètement, ça change quoi d’être aussi jeune quand on est maire ? Bruno considère qu’il a pu apporter un regard neuf à la gestion de la commune, mais également à son image. La gestion c’est du classique, mais un jeune entrepreneur n’imaginait pas ne pas renégocier les contrats d’assurance, de téléphone, ne pas équiper la mairie de nouveaux ordinateurs ou restructurer les services administratifs. Tout ne s’est pas fait en douceur car l’ancien secrétaire de mairie, grassement payé à ne pas faire grand chose, nous balance-t-il, s’était lancé en guerre contre lui. Et il suffit de connaître un peu le fonctionnement de l’administration pour savoir que le travail municipal peut vite être immobilisé… Alors il a pris la décision qui revient au chef : virer l’ancien secrétaire. Et pour le même prix il a pu en engager deux. Les choses ont changé à la mairie.
Et dans la commune également les choses bougent. Son image évolue à l’extérieur. La grande fierté de Bruno c’est la création d’une manifestation hivernale. En effet, le village de l’Aveyron attire plus de 50 000 passages chaque été, mais connaît des hivers solitaires. Occuper l’hiver, c’est penser aux habitants et pas uniquement aux touristes. Ainsi, chaque année, une patinoire est montée pendant une semaine et 1000 enfants des alentours peuvent en profiter. La commune se tourne vers les plus jeunes. Par exemple, la halte garderie municipale a gagné un jour d’ouverture. Ça peut paraître peu, mais les jeunes parents savent l’aide concrète que  cela représente au quotidien. Un centre aéré a été crée aussi, grâce à une belle subvention de la commune et la CAF les a suivi dans le projet puisqu’elle le finance à 70 %. Toutes ces petites avancées donnent de belles perspectives à La Cavalerie, et permettent de créer de l’emploi localement.
Sur la vie politique, Bruno est lucide. Il veut garder les pieds sur terre et c’est pour ça qu’il ne lâchera jamais son agence immobilière. Pour lui, nombreux sont les hommes politiques qui ont perdu le contact avec la réalité et qui ne savent pas comment la vie se passe vraiment. Il a aussi conscience de la dimension éphémère  de sa fonction, il est difficile de se projeter plus loin qu’un mandat, et pour cette raison aussi il ne veut pas lâcher son métier, il doit protéger ses arrières. Quant à aller plus loin et plus haut, il n’a pas l’air intéressé. Il est passionné par sa fonction et par l’idée de trouver chaque jour la meilleure façon de faire pour sa commune. Mais aller plus haut, c’est nécessairement intégrer un groupe politique, un parti et ça ne l’intéresse pas. Il ne cache pas une sensibilité de droite à titre personnel, mais se reconnaît également dans certaines idées de la gauche. La gestion d’une petite commune relève pour lui du bon sens et les partis n’ont rien à faire dans cette histoire. Voilà une constante chez nos jeunes maires.
Pour l’instant, ce qui lui manque le plus c’est de pouvoir prendre un peu de temps pour lui et avec sa femme. Entre l’agence et la mairie, les semaines passent vite et il risque d’y perdre le recul avec lequel il était arrivé aux affaires. Il a pourtant l’intention de se représenter et peut-être d’avoir un bébé… L’année 2014 s’annonce encore bien chargée pour Bruno.

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