Le corps de la maternité

Je réfléchi depuis longtemps à cet article. J’ai même commencé quelques brouillons, mais je n’arrivais pas à trouver un ton juste qui soit à la fois honnête et conserve cependant une certaine pudeur.

Alors je vais prendre les choses point par point et on verra où ça nous mène.

Je pourrais enfoncer des portes ouvertes en disant qu’avec la maternité le corps change évidemment et énormément. Mais je voudrais préciser que ces changements ne sont pas forcément visible.

Je n’ai pas du tout envie de parler de poids et de kilos pris ou perdus. Parce que la question n’est pas là, pour moi. Je n’ai vraiment pas pris beaucoup de poids pendant mes grossesses et pourtant il m’a fallu quand même rapprivoiser mon corps après.

Et pourtant je pouvais tout de suite porter à nouveau tous mes vêtements. N’empêche qu’à l’intérieur pendant presque neuf mois l’un petit être s’était installé. Mon corps s’y était adapté et il a fallu qu’il se réadapte au vide.

Cette métaphore ne me convient pas vraiment car je n’ai jamais ressenti la nostalgie de la grossesse que certaines évoquent. Mes bras avaient pris le relais de mon ventre et ça m’allait. Même pour César qui était pourtant arrivé sans que je m’y sois totalement préparé, je n’ai pas ressenti ce vide et cet amour inconditionnel m’est tout de suite venu avec naturel, comme un prolongement de moi-même.

Prendre le temps de refaire connaissance

N’empêche qu’il faut du temps au corps pour se remettre d’une grossesse. Je n’évoque pas l’accouchement car mon expérience en a été plutôt douce. Je gère très bien la douleur. Quand j’en avais marre j’ai pu avoir des péridurales et ça s’est tout simplement très bien passé et quelques heures après je me levais et faisait mes trucs sans y penser.

Mais la grossesse perturbe le corps et l’esprit : il faut faire de la place pour le bébé aussi bien dans l’un que dans l’autre. Et puis ensuite il y a l’allaitement. Je n’ai pas fait de fixation dessus et ça s’est bien passé à chaque fois. Mais c’est un prolongement de la grossesse dans le sens où le corps continue d’être sollicité, comme s’il fallait finir le travail.

Je savais qu’il ne fallait pas avoir d’attentes particulière vis-à-vis de mon corps tant que j’allaitais et qu’ensuite je devais lui laisser le temps de la grossesse pour se remettre bien. Pour moi ça fait arriver au mois de décembre : Arielle est née le 1er novembre, je l’ai allaitée exclusivement 4 mois et la grossesse a duré un peu moins de 9 mois. En voilà un calcul scientifique !

Et donc me voilà maintenant avec un corps qui est le mien que je ne partage plus et que je n’ai plus envie de partager. Plus précisément j’ai compris les derniers mois que mon corps c’est moi, je me le suis réapproprié. Il n’est plus la machine parfaite qui abrite mon esprit, mais bel et bien moi au même titre que mes pensées.

Et j’ai envie de finir cet article sur une note plus légère. Il y a un an, quand je suis retournée à la danse et aux cours de barre à terre, je n’avais plus aucun abdos. Je ne pouvais même pas soulever mon buste quand j’étais allongée sur le dos : un mollusque ! Et aujourd’hui je m’enchaîne les exercices avec une facilité que je n’aurais pas pu imaginer. Je partais de loin mais je suis arrivée plus loin encore.

Et maintenant je réalise que mes grossesses font partie de mon histoire et pas de mon futur. C’est donc sûrement la dernière fois que j’aborde le sujet. Il faut fermer la page et se tourner vers le futur. De toute façon mes souvenirs perdent déjà en précision, ils ne seraient utiles à personne 🙂

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