Je ne sais pas si c’est d’avoir passé deux mois entiers avec les enfants ou autre chose, mais récemment je me sens de plus en plus enfermée dans un rôle de maman dans lequel je ne me reconnais pas.
Pour clarifier tout de suite j’ai l’impression plutôt que le regard des autres m’enferme dans ce rôle. J’ai l’impression que pour certaines personnes je suis une maman avant tout. Alors que je suis juste moi. Et il se trouve que j’ai des enfants.
Moi-même, intérieurement, je ne me sens pas enfermée ou prisonnière de la famille. Cette interdépendance ne m’angoisse pas. Mais j’ai l’impression de devoir redéfinir des codes et des sujets dans lesquels je ne me reconnais pas.
Récemment je me suis entendue dire à plusieurs reprises que j’étais une mauvaise mère. Évidemment je ne le pense pas. Pas vraiment en tout cas. Ce que je veux dire, c’est que je ne suis pas la maman qui aime aller au parc. Je ne suis pas en extase permanente devant mes enfants ni ceux des autres. Et je refuse de façon catégorique d’avoir l’impression de vivre dans une crèche. Les jeux et autres trucs d’enfants ont leur place dans leur chambre ou leur salle de jeu. Le reste de l’appartement est un territoire adulte.
Bien sûr, les enfants ont le droit d’y être. Mais à condition de se comporter correctement. C’est-à-dire pas de cri, pas de chahut et pas de bazar. C’est un endroit pour lire plutôt. Et parfois, nous sortirons un jeu pour y jouer ensemble. Mais c’est bien clair dans ma tête et dans la leur qu’il s’agit de mon endroit.
Je me demande à ce stade s’il faut encore que je précise à quel point je les adore.
Évidement que je ferai tout pour eux. Mais je ne suis pas prête à m’abandonner. Et je pense d’ailleurs que ce ne serait rendre service à personne. Pour donner un exemple concret, je déteste aller au parc. Ce n’est vraiment pas mon truc. Il m’arrive bien sûr de le faire de temps en temps, je ne suis pas un monstre. Mais j’emmène toujours un truc, au moins de quoi dessiner ou un livre, sinon je m’ennuie. Et quand j’en ai marre on rentre.
Mais ce n’est pas parce que cette activité m’ennuie que je ne fais rien avec eux. J’adore quand on se balade que ce soit en ville, en forêt ou récemment dans les calanques. J’aime beaucoup aussi aller au cinéma avec eux et parfois au musée.
Et à la maison j’ai dit que les jouets étaient interdits dans le salon, mais ils ont d’autres possibilités à disposition : la table est à leur disposition pour dessiner autant qu’ils veulent, ils savent où se trouve leur matériel. Et souvent je sortirai la peinture et nous nous installerons ensemble, ce sont toujours des moments de partage agréables pour moi aussi. Et il y a aussi la danse : au moins une fois par jour nous mettrons de la musique, et là ils ont même le droit de choisir (c’est souvent Vaiana les derniers temps mais ça ne me derange pas) pour danser et danser et danser.
Il m’arrive encore de préférer ne pas dire que j’ai des enfants parce que je sais qu’immédiatement je passe dans une autre catégorie dans la tête de certains. Mais de plus en plus je me dis que les mentalités changeront aussi si j’assume ne pas aimer les activités de mamans.
Un autre truc auquel je n’ai jamais cédé sont les trucs spéciaux pour enfants : les draps, la déco, la vaisselle, etc. Ils ont des choses adaptés à leurs besoins et tout le nécessaire mais je ne comprends pas pourquoi je devrais céder à une esthétique qui ne me convient pas. Ce n’est pas parce qu’ils sont enfants qu’ils ne peuvent pas être traités comme des humains normaux.
Le cœur du truc est que je ne suis pas certaine d’aimer les enfants. Les miens oui, ceux que je connais généralement aussi. Mais je les vois tellement comme de minis être humains que je ne me sens pas d’obligation spéciale à leur égard. Je ne suis pas gaga devant les enfants et je ne me sens obligée de rien. Ni de regarder un dessin animé, ni d’accepter de faire ci ou ça. Nous devons vivre tous ensemble et cela signifie qu’eux aussi doivent vivre avec moi et la personne que je suis.
Il se trouve que leur mère a un fort besoin d’indépendance et ne supporte pas certaines choses. Heureusement déjà qu’ils ont un père qui n’a pas les même limites que moi. Et puis de toute façon il feront avec qui je suis. Je fais de mon mieux comme je suis au quotidien.