J’ai envie de commencer par dire que je ne m’y connais pas vraiment en mauvaise nuit. J’ai bien quelques insomnies, mais elles ne me paralysent pas et ne sont pas fréquentes. Et les enfants dorment bien. C’est peut-être ça qui me permet de prendre les choses ainsi. Si des parents vivent de mauvaises nuits plus régulières et qu’ils essaient ce déplacement mental, je suis intéressée par leur retour.
Arielle a eu deux mauvaises nuits récemment. Très mauvaises, elle se réveillait et ne voulait plus se rendormir. Je ne voulais pas lui donner de biberon, car je sais qu’elle n’avait pas faim. Quand c’est le cas, elle pleure sans discontinuer jusqu’à ce qu’elle ait un biberon dans les mains. Là elle se calmait dans les bras et s’énervait à nouveau dès qu’elle retrouvait son lit.
J’étais d’abord soûlée, mais je me suis vite reprise. À prendre la situation de cette façon, je craignais de passer un vraiment mauvais moment. J’ai décidé de changer de perspective et je l’ai prise avec moi dans le lit. Ça n’arrive jamais et je craignais de créer un précédent duquel je ne saurais plus me tirer. Et pourtant elle n’était rassurée que dans les bras et j’avais besoin de dormir moi aussi. Je ne voulais pas m’installer dans un fauteuil.
Alors je l’ai prise tout contre moi et nous nous sommes rendormies comme ça. Parfois elle se remettait à pleurer sans raison apparente, j’imagine qu’elle avait mal aux dents. Et pendant qu’on était allongées je me disais que cette mauvaise nuit était comme une épreuve dont nous sortirions grandies toutes les deux par la certitude qu’ensemble nous avions réussi à la surmonter.
Le lendemain à nouveau elle a passé une mauvaise nuit où elle pleurait sans vraiment se réveiller. J’ai fini par la reprendre à nouveau dans le lit, craignant encore plus qu’elle n’y prenne goût. Mais il fallait dormir et je voulais qu’elle s’apaise même si elle n’était pas vraiment réveillée. Et elle s’est rendormie comme ça et s’est réveillée en super forme.
Le soir suivant je me suis couchée en craignant qu’elle réclame de pouvoir s’installer avec nous. Et finalement elle a dormi toute la nuit sans se réveiller.
Donc elle ne s’y est pas habituée, mais j’aime imaginer que grâce à mes câlins elle sait désormais qu’elle a la force en elle et en moi de surmonter ces maux. Et depuis deux énormes prémolaires ont fait leur apparition dans sa bouche et les nuits ont retrouvé de leur continuité.