Je suis assise à côté de Jasmin. Elle est en train de peindre le dinosaure que son parrain lui a offert ce matin. Je l’ai prise une quinzaine de fois en photo. Elle est très belle et très concentrée.
En la voyant je me suis dit que je devrais la laisser peindre plus souvent. Elle le réclame souvent, mais on ne le fait presque jamais. Alors qu’elle est très appliquée et très concentrée. Elle sait exactement ce qu’elle veut faire. On se disait les dernières semaines que ce serait bien de lui trouver une activité qu’elle pourrait faire pour se défouler et être plus concentrée à l’école et plus canalisée.
Mais elle se défoule déjà beaucoup et ce n’est pas de ça dont elle a besoin peut être finalement. Un peu comme pour César. On m’avait dit de lui faire faire du sport, mais je trouvais la danse plus intéressante car il faut être vraiment concentré et que la mémoire fonctionne aussi. Je me demande si ça ne permet pas d’enclencher un cercle vertueux.
Lui permettre de faire une activité qui lui plait énormément lui permettra peut-être de mieux accepter les nombreuses règles qu’elle doit suivre tous les jours et les personnes qu’elle est forcée de côtoyer même quand elle voudrait seulement jouer dans son coin.
Pouvoir peindre exactement quand elle le veut et qu’elle le sache, pourrait lui offrir l’équilibre qu’on recherche tous et toujours. Je me dis que je vais essayer au moins une fois par semaine de lui laisser la possibilité de dessiner.
Je pense en même temps que j’écris cela que Jasmin n’est peut-être pas encore assez raisonnable pour faire de la peinture sans colorer la moitié du salon et renverser l’eau colorée sur le tapis. Mais j’imagine que si on n’essaie pas on ne saura jamais. Et puis elle pourrait aussi bien me surprendre et se révéler responsable parce que je lui ai laissé la possibilité de l’être.