Quand j’étais à la fac, j’ai eu la chance d’écrire un mémoire sur Georges Simenon. Ça s’appelait Le droit dans l’œuvre de Georges Simenon. Et je crois que c’est un des trucs que j’ai fait dont je suis le plus fière. C’était trop bien à faire, parce que j’avais eu la chance de traiter un de mes sujets préférés et d’en faire un truc sérieux. J’adorais déjà Maigret, et ça m’a permis de découvrir les romans dits durs de l’auteur, où l’on retrouvait toujours cette atmosphère plutôt sombre.
Je me souviens du premier polar que j’ai lu, je devais avoir genre quatorze ans j’imagine. En vrai je ne me souviens pas exactement quel âge j’avais, mais je sais que j’étais assez jeunette, et pourtant j’étais assez mûre pour lire un vrai polar. C’était la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo (un signe peut-être ?). Je me rappelle clairement avoir dit à Béa, ma mère, que c’était trop bien et notamment parce que les personnages parlaient comme dans la vraie vie. Elle m’avait répondu qu’en effet c’était une des caractéristiques du genre, une écriture proche du parler.
Et je m’étais fait la réflexion que c’était ça la vie. Et que c’était vraiment trop bizarre de ne pas écrire toujours de cette façon quand on y réfléchissait un peu. Pour quoi choisir un style ampoulé quand on peut juste reproduire la vraie vie ? Et après ça, dès que j’ai eu le choix, j’ai toujours eu tendance à choisir le polar quand j’hésitais entre plusieurs livres. Polar ou roman noir, histoire avec une intrigue, une atmosphère un peu inquiétante, je ne suis pas fixée non plus sur le fait que ce soit un détective qui mène l’enquête ou une brigade policière… Par exemple un de mes romans préférés de tous les temps, c’est Le maître des illusions de Donna Tartt. Je ne pense pas que ce soit un polar au sens propre, mais il y a un genre d’enquête et l’ambiance est sombre à souhait. D’ailleurs j’ai aussi adoré son dernier roman Le Chardonneret.
Noir c’est tellement bien
Dans le genre vrai roman, mais vraiment inspiré du monde du roman noir, je classe aussi ceux de Joël Dicker (ceux que j’ai lu au moins) : La vérité sur l’affaire Harry Québert et Le livre des Baltimore. Mais à part ceux-là, c’est rare que je sois autant emballée par un roman plus classique que je peux l’être par un polar.
Je ne sais pas pourquoi, pendant quelque temps, j’ai eu un peu honte de cette préférence. Je m’en excusais presque ou je disais que je ne lisais pas beaucoup, seulement des polars. Mais en fait, c’est débile. Déjà, je lis ce que je veux. Et en plus, il est temps de militer pour que cette catégorie arrête d’être un sous-genre, comme ça a été fait pour la BD depuis quelques années.
Je crois que la mauvaise réputation de ce genre vient du fait que souvent les auteurs sont assez prolifiques et qu’ils écrivent des séries. On en déduit, qu’ils ne souffrent pas suffisamment à leur table de travail et donc qu’ils ne sont pas de vrais écrivains. Alors qu’on s’en moque non ? Comme s’il fallait souffrir pour faire quelque chose qui a de la valeur.
Bref, j’adore les polars, et je me dis parfois que mon expérience avec Simenon m’offre une perspective très intéressante sur le genre. J’adore me plonger par période dans un auteur et avoir la sensation de découvrir un pays et une culture. Par exemple, en ce moment je lis beaucoup de Louise Penny et j’ai vraiment l’impression d’en apprendre beaucoup sur la mentalité québécoise et l’univers canadien en général. Avant ça j’avais eu ma phase suédoise avec les enquêtes de Kurt Wallander (Henning Mankell) ou les romans de Camilla Läckberg. Et maintenant j’aimerais bien aller voir sur place comment c’est en vrai. J’aime aussi les bons classiques style Agatha Christie, mais c’est rare que je tombe sur des nouveaux. Je sais qu’elle est morte depuis longtemps et qu’il n’en sort plus, mais je veux dire sur des volumes que je n’ai pas lu.
Parce que mon truc aussi, c’est de les prendre à la bibliothèque. Comme ça c’est un peu la surprise. Il y a une petite excitation de la quête aussi, et c’est sympa. Dans de très rares cas, je réserve le livre que je veux absolument lire, mais retrouve ça plus sympa de me laisser aller au gré de mes fouilles.
Alors quand j’ai voulu commencer à écrire un livre cette année, au début je ne savais pas trop où aller. Je veux dire que je ne savais pas exactement où mes doigts aller me mener. Et puis de page en page, ça c’est clarifié, il se trouve que j’écris une enquête. Je ne sais toujours pas où ça va me mener, mais je crois que j’ai fait suffisamment de recherches dans le domaine pour pouvoir m’en sortir d’une façon ou d’une autre.
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