César, Jasmin et Arielle sont rapprochés en âge, mais n’ont pas tous les mêmes besoins ni les mêmes envies. Et je me rends compte que l’une des choses qui me posent le plus de questions ces derniers temps est de m’assurer que je les traite tous de la même façon. Ou plus exactement de la façon dont ils ont besoin chacun. Je sais que je suis très sensible à l’injustice et c’est pour ça que j’essaie de les traiter le plus justement possible. Je ne voudrais jamais que l’un pense qu’il a été moins chouchouté que l’autre.
Le plus délicat c’est qu’évidemment aucune équation, aucun algorithme ne pourraient nous aider. Il s’agit d’être à l’écoute et de voir ce dont ils ont besoin. Parce que si j’ai l’impression d’avoir compris un truc c’est qu’une égalité stricte est un peu absurde. (Sûrement un reste de mes études en philosophie du droit, ça me sert tous les jours d’avoir passé du temps à réfléchir à l’équité et au droit naturel)
Pourquoi donner la même chose exactement à deux enfants dont les besoins et les envies diffèrent. Arielle a encore souvent un biberon de lait le matin, mais ni César ni Jasmin. Ça paraît évident n’est-ce pas ? Et bien je pense que le même concept s’applique à tous les domaines de notre vie de famille.
Ça paraît donc logique et évident. Ce qui l’est moins c’est que les enfants n’arrivent pas tous à bien exprimer leurs besoins d’une façon qui nous donne envie de les écouter. César lui exprime très clairement ses envies, mais il est très sensible à l’injustice et comme c’est un garçon de 6 ans certaines choses lui paraissent plus injustes qu’à nous.
Jasmin a plus de difficultés à dire ce qu’elle veut, sauf pour ce qui est de ne pas aller à la cantine ou à l’école. Elle peut se mettre vraiment en colère sans que nous sachions vraiment pourquoi. Mais une fois qu’elle se retrouve dans un moment seule à seule elle est tellement détendue que ça devient évident que c’est ce dont elle avait besoin.
Arielle, elle est toute petite encore et jusqu’à présent ses moments seule avec nous étaient un peu des moments par défaut : quand les grands étaient occupés ou après les avoir déposés à l’école sur le chemin de la nounou. J’ai l’impression qu’elle ne sait pas très bien ce qu’elle pourrait vouloir, mais dimanche quand j’étais seule au parc avec elle, elle m’a dit spontanément que ça lui faisait plaisir de regarder les canards avec moi.
La morale ? C’est qu’il faut parfois savoir écouter les enfants au-delà des mots qu’ils expriment. Et que parfois leurs besoins les dépassent comme dans le cas de Jasmin et les émotions les submergent. On est parfois tenté de les gronder (et il le faut par moment), mais il faut aussi savoir passer outre la crise et proposer une porte de sortie autre que la punition.
Je sais que dans certaines familles, le temps seul à seul est ritualisé : chaque semaine l’un des enfants passe un moment seul avec l’un de ses parents. Cela ne correspond pas à notre rythme familial et je crois que ça me causerait plus de stress d’avoir cette contrainte complémentaire. Alors sans tenir des comptes stricts, j’essaie d’être à l’écoute de leurs besoins. Et de leur ménager des moments seuls, dans la mesure de mes capacités aussi.
Ce que je voudrais souligner c’est que passer un moment de qualité avec son enfant ne signifie pas dépenser de l’argent et faire un truc incroyable. Alors que ce soit aller seulement faire une course à deux, aller au cinéma ou au parc, cuisiner, jouer, dessiner ou lire. Je crois que l’important c’est de passer un moment ensemble et pas côté à côté. Vraiment ensemble et essayer de discuter de leur laisser le temps de dire ou ne pas dire ce qu’ils ont besoin d’exprimer.