écrire #5

Si je dis Mamie est morte, ça me paraît trop brutal. Mais si je dis ma grand-mère est décédée, ça me paraît trop froid. Je ne veux pas dire qu’elle nous a quittée, parce que ça ne me paraît pas vrai. J’aime bien dire qu’elle s’est éteinte. Comme un feu. On dit d’ailleurs qu’il meurt. Mais jusqu’au bout j’ai la sensation qu’elle m’a éclairée.

Ces deux dernières semaines m’ont paru durer deux mois. Et j’ai envie d’affirmer que pour moi il y aura un avant et un après. Je me sens profondément changée. Pas triste. Un peu triste évidemment, mais pas éplorée, pas détruite. Je suis tellement heureuse d’avoir pu voir ma grand-mère avant qu’elle meure. Le sourire qu’elle m’a fait avant que je parte reste en moi et je n’ai même pas besoin de fermer les yeux pour le voir et puiser dedans une force qui me paraît invincible. Parce qu’elle était invincible ma grand-mère j’en reste persuadée. Avant de l’embrasser une dernière fois, je lui ai dit qu’elle était une championne et elle restera ma championne. Il ne s’agit pas d’un poids que je porterais désormais sur mes épaules de me dire que je dois être à la hauteur, c’est plutôt comme une force tranquille qu’elle m’aurait transmise. Ou pour prolonger la double métaphore du feu et de la championne, comme si elle m’avait transmis sa propre flamme olympique et que c’était mon tour. Au mien et à ses 59 autres descendants directs.

Cette force invincible je crois que c’est l’amour. Et je sais que plus on en donne, plus on en a à donner. Moi j’adore l’amour, j’ai besoin d’aimer, ça me nourrit. J’aime fort et de façon inconditionnelle et j’ai toujours plus de place dans mon cœur. Alors maintenant me voilà changée mais la vie quotidienne reprend et je suis contente de retrouver mes habitudes, avec un relief qui me paraît légèrement différent.

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