S’ouvrir à ses émotions peut s’avérer être un vrai travail. Ou plutôt peut-être un processus. J’ai l’impression que jusqu’à très récemment je fonctionnais sur une alternative : contente ou neutre.
J’exagère un peu, mais c’est une manière de dire qu’en général tout va bien et quand ça ne va pas je chasse cette idée avec un haussement d’épaules. C’est mon côté stoïque un peu punk. Si ça ne va pas comme je veux je passe à autre chose. J’ai même haussé les épaules en l’écrivant.
Mais depuis quelques mois, j’essaie d’apprendre à identifier et à exprimer mes sentiments. Et c’est drôle, mais je me mets plus en colère qu’avant. Pas contre les gens en général, ou même contre quelqu’un en particulier. Juste quand une situation ne me convient pas plutôt que de passer directement en mode « ça fait rien », je prends le temps de dire que je suis soûlée ou déçue ou même triste.
Comme beaucoup de choses dans ma vie, ce processus est lié à mes enfants. Je ne sais pas dire qu’il en soit à l’origine, mais ils sont là. L’idée c’est que je veux pouvoir leur apprendre à gérer leurs émotions et leurs sentiments. Et ils ne sont pas obligés d’être nihilistes comme leur mère. S’ils veulent pleurer, ils en ont le droit. Et ils ont également le droit d’être en colère, même si je trouve que ce n’est pas justifié.
ce. n’est. pas. grave
Et pour moi c’est ça la découverte clé de cette réflexion. Ce n’est pas grave d’être en colère. On a le droit d’être triste et de pleurer. Je me souviens quand j’étais ado que je détestais qu’on le dise de ne pas prendre les choses si à cœur et que ce n’était pas si grave. Et bien moi je trouve ça hyper présomptueux. Et j’essaie au maximum de ne pas dire ça à mes enfants ni à personne d’ailleurs.
Je trouve que c’est une façon d’effacer les émotions et les sentiments comme s’ils n’étaient pas légitimes. Tous les sentiments sont légitimes, non ? Ils ne sont peut-être pas tous bien fondés ou exactement proportionnés, mais ils ont le droit de s’exprimer.
Finalement ce n’est pas grave si tout ne va pas tout le temps bien. Je vois ça un peu comme un élastique. À chaque fois qu’on dit que ça ne va pas, on gagne un peu de marge de manœuvre. On relâche un peu pour mieux tirer après. Mais si on ne relâche jamais, ça risque de craquer, et bien plus vite.
J’apprivoise mes sentiments et ce n’est pas désagréable. C’est un peu comme dans Vice Versa, la palette s’agrandit et la tristesse aussi bien que la colère et la peur (que je dois encore explorer un peu) nous font exister au même rang que la joie.