Je me suis dit que ce moment qui était pour nous inédit ne le serait peut être pas dans le futur. Peut-être que mes enfants vivront plusieurs fois ces périodes de quarantaine. Je les imagine disciplinés, ils recevraient une notification leur disant qu’il faut se confiner et sauraient quoi faire, leur vie y serait adaptée. La mienne l’est déjà à peu près. Les ajustements sont finalement minimes. La danse va me manquer évidement. Le café aussi. Mais rien d’insurmontable. On va faire à la maison.
Déjà jeudi me paraît être une autre vie. J’avais l’impression qu’il y aurait un avant et un après Mamie et je ne pensais pas si bien dire. Sa génération s’éteint et la nouvelle génération connaît de nouveaux problèmes. De nouvelles crises qu’elle n’aurait pas imaginé.
Quand je m’endors le soir, j’aime bien m’imaginer des situations. Des rencontres, ce qu’on se dit avec les gens etc. C’est un peu un truc d’introvertie pour me permettre de faire face aux vraies situations si ou quand elles se présentent. Mais là, je n’ai plus rien. Plus de ressources. Comme si on était passé dans un paradigme complètement nouveau et que les anciennes références n’avaient plus cours, au moins pour le moment. Et vu qu’on ne sait pas combien de temps va durer cet instant, c’est compliqué de se projeter. Pour moi en tout cas. J’ai toujours du mal à voir plus loin que quelques semaines au maximum, quand j’ai des trucs prévu. Je vis ma vie au jour le jour je ne sais vraiment pas faire autrement. Je crois que pour le coup c’est un peu une bénédiction. Ça me permet d’éviter l’angoisse des tracas du « et si »
N’empêche qu’on ne sait pas où on va. Nulle part à priori. Ou juste dans la chambre. On va s’organiser. On va se faire un programme de vie et on va vivre. Juste différemment.