Bouger les meubles

Depuis quelques semaines, deux ou trois, peut-être quatre, j’ai perdu le fil, Jasmin avait vraiment du mal à se coucher. Son rituel du soir impliquait de sortir une dizaine de fois, d’essayer de réveiller son frère et sa sœur, de jouer dans le noir, de faire plein de petites bêtises, en réclamant des biberons, en clamant un besoin de faire pipi, etc. Et puis elle avait une veilleuse avec laquelle elle embêtait tout le monde et elle ne finissait par s’endormir que quand on l’avait d’abord confisqué puis rendue en la prévenant que si elle recommençait elle ne l’aurait plus du tout.

Ça durait tous les soirs 30 minutes minimum et jusqu’à 1 h 30. Et franchement j’étais saoulée. Je n’avais même plus le courage de prendre plus de temps avec elle. Ma théorie du « prendre le temps pour en gagner ». Alors que je sais que c’est ça qu’il faut. Un matin de la semaine dernière, j’ai eu comme un déclic et avant de partir à l’école, j’ai pris ma petite Jasmin sur les genoux. Je lui ai dit que je pensais que je ne comprenais pas pour quoi elle avait du mal à s’endormir le soir alors que ça ne pose jamais de problème pour la sieste. Au moins de mon point de vue, je savais que ça pouvait marcher, mais qu’il y avait sûrement une angoisse sur laquelle on n’avait pas mis le doigt.

Elle m’a dit que la nuit c’était trop long, ce à quoi j’ai répondu que c’était vrai, plus long que la sieste, mais que quand on était en train de dormir ça ne changeait rien. Et elle m’a dit que la nuit il fait tout le temps noir. J’ai suggéré qu’elle n’avait pas besoin de sa lampe. Je commençais vraiment à en avoir marre des histoires de lampes tous les soirs, systématiquement. Elle écoutait vraiment ce que je lui disais. Et m’a dit que sans sa lampe les cauchemars allaient venir. Je lui ai rappelé quand pendant notre voyage à Paris nous n’avions pas la lampe (je l’avais oubliée et j’étais prête à aller en racheter quand je m’en suis rendu compte) et qu’elle avait très bien dormi. Elle m’a répondu que les cauchemars avaient été très gentils avec elle. Alors j’ai dit que c’était les mêmes ici et qu’ils étaient très gentils.

J’ai vraiment eu l’impression qu’elle était soulagée que je lui propose de ne plus l’avoir. Comme si c’était une malédiction dont elle ne savait plus se dépêtrer ou un pouvoir qu’elle n’arrivait pas à maitriser et qu’elle était contente que sa supermaman intervienne avec ses certitudes.

Une fois que tout le monde était parti et comme je n’avais pas très envie de me mettre à travailler, j’ai décidé de réorganiser la chambre des enfants pour mieux correspondre à leurs besoins du moment. Arielle dans le fond pour qu’elle ne soit plus systématiquement réveillée par les passages de Jasmin. César à côté, mais avec une sortie directe comme c’est souvent lui qui se réveille le premier. Et Jasmin dans un coin à côté de la porte pour qu’elle sorte sans gêner tout le monde. Quand ils sont revenus à midi, je leur ai présenté ça comme une super surprise et une nouvelle chambre et ils étaient tout excités et heureux de cette nouveauté.

J’en ai profité pour rajouter une nouvelle règle : il faut aller faire pipi trois fois avant d’aller se coucher : en sortant de table, après avoir lavé les dents et après l’histoire. Comme ça, on est sûr qu’il ne reste plus une goutte.

Le soir venu, dans la nouvelle organisation et sans lampe, ça s’est bien passé. Elle a réclamé un biberon, mais sans conviction, particulièrement face à notre détermination. Et elle s’est endormie beaucoup plus vite. (Et j’ai accepté d’entrouvrir la porte quand les autres étaient endormis)

au lit !

La lampe l’avait beaucoup aidé il y a quelques mois, mais maintenant je crois vraiment qu’elle l’a gênait. Et l’organisation était idéale aux débuts, mais leurs besoins à tous ont changé. Je crois vraiment qu’un des écueils les plus difficiles à éviter quand on est parent, c’est de ne pas s’entêter dans une voie parce que « c’est comme ça », mais plutôt de rester toujours à l’écoute des besoins de chacun qui peuvent évoluer.

Et puis même quand je suis fatiguée, il y a toujours un moment où j’ai de la peine pour cette petite fille qui n’arrive pas à lâcher prise et qui reste parfois plus d’une heure avant de s’endormir, ça ne doit pas être marrant. Alors pour l’aider avec ce que je crois être une angoisse, je me force à prendre le temps. J’ai même fait des petits exercices de relaxation avec elle au moment où je lui fais son bisou du soir. On compte jusqu’à sept et on souffle et je lui dis qu’à chaque fois elle est plus proche du sommeil. Et je lui ai même fait faire des petits exercices de visualisation où elle est sur une plage avec le sable chaud, le vent frais, et tout ça. Ça la détend vraiment. Je ne le ferai pas tous les soirs, car je ne veux pas que ça devienne indispensable pour qu’elle s’endorme. Mais je pense que ça lui apprend une forme de lâcher-prise dont elle pourra profiter, même en mon absence.

Parfois je me dis qu’heureusement que j’ai de l’imagination et que je n’ai pas une personnalité à me laisser abattre, et aussi que je ne veux pas élever mes enfants dans la crainte de la punition. Ça me permet de trouver toujours de nouvelles idées pour les accompagner, même s’il y a des jours plus durs que d’autres

Pour voir comment était la chambre avant, c’est ici.

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